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« Eh oui, je suis jaloux ! » L’amour à l’opéra

Une conférence de Giulia Sissa le 2 novembre
 
RAPPORT

Si l’opéra, comme la tragédie grecque qui l’a inspiré et la chanson populaire qui l’a en partie remplacé, semble tenir tout entier au fil de l’amour et de la jalousie, pourquoi celle-ci est-elle si difficile à exprimer, voire si réprimée dans le discours « normal » ? Pour Giulia Sissa, qui aborde la question de l’amour et de la jalousie à l’opéra sous un angle psychanalytique et politique, c’est que celle-ci déborde des limites de l’intellectuel et du rationnel et s’insère plutôt dans l’ordre des passions. Sa conférence brise le discours normatif de répression de la jalousie comme sentiment honteux et propose, à travers une analyse musicale et textuelle, une définition subversive de l’amour et de la jalousie. L’opéra, comme la chanson populaire, est alors conçu comme une véritable théorie chantée : c’est en déliant les mots de l’emprise de la norme que la musique permet l’expression de ce sentiment amoureux ambigu qui laisse entrevoir à la fois la possibilité du plus grand bonheur et celle du malheur le plus intense. La difficulté de distinguer l’amour, ce désir singulier et impatient du désir de l’autre, et la jalousie, issue du pressentiment d’une blessure, séparation ou trahison toujours possible, permet à Sissa de poser, après Freud et Lacan, qu’amour et jalousie relèvent d’une même logique. L’appréhension fondamentalement humaine de ne pas ou ne plus être l’objet du désir de son propre objet de désir, révélée par l’aveu de jalousie, ne doit pas être réprimée ou cachée, mais plutôt être comprise, au-delà d’une fragilité amoureuse, comme un espace d’humanité, de flexibilité et de compréhension de l’autre. Que ce soit à travers les mélodies de La Traviata, Carmen, Norma ou Lennon, l’expérience ainsi chantée exprime toute l’ambivalence du sentiment amoureux. L’opéra, et plus généralement la musique, permettent une mise en récit de cette « jalousie normale », qui ne peut qu’être ainsi puisque la possibilité de la perte existe toujours. Cette compréhension anti-téléologique de la jalousie, comprise comme relevant de la contingence plutôt que du passage à l’acte ou de la destruction, permet à Giulia Sissa d’opposer à la condamnation morale et politique de la jalousie une compréhension complexe et singulière de l’amour et de la jalousie, du plaisir et du déplaisir comme ne pouvant être séparés et faisant résolument partie de l’expérience humaine.

ANNONCE

La série Politique et Musique, organisée par Mariella Pandolfi et le Groupe international de formation à la recherche (IRTG) Diversity, se poursuivra le lundi 2 novembre prochain au Carrefour des arts et des sciences de l’Université de Montréal, avec la conférence de Giulia Sissa « Eh oui, je suis jaloux ! » L’amour à l’opéra. Politologue et professeure au département d’études classiques de l’Université de Californie, Los Angeles, Giulia Sissa s’intéresse particulièrement aux passions et au politique, deux thèmes indissociables au cœur même de la série.

Quand : Le 2 novembre 2015, de 13h à 16h

Lieu : Carrefour des arts et des sciences, salle C-2059
Pavillon Lionel-Groulx, 3150 rue Jean-Brillant
Métro Université de Montréal / Métro Laurier, autobus 51 ouest

Réservations : virginie.laliberte.b@gmail.com

Entrée gratuite !

 
 
 
 
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